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Pour l'individu isolé, le travail n'a jamais été, ne sera jamais qu'un devoir. Pour la société, C'est-à-dire pour l'ensemble des individualités, c'est encore un devoir, mais c'est aussi un droit vis-à-vis de chacun de ses membres. C'est même le concours, la réunion, le faisceau de tous ces devoirs personnels qui forme le droit social.

 

 

Être gentil n'oblige pas à être idiot, ni aveugle

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

Je vous propose de lire un texte d'Auguste Picard, publié dans « L'Illustration, journal universel », le samedi 16 mars 1850. L’Illustration était un magazine hebdomadaire français publié de 1843 à 1944, puis, de 1945 à 1955, sous le nom de « France Illustration ». Il connut 5 293 numéros, constituant 180 000 pages environ. Ce texte montre la langue française de l'époque et sa morale sociale aussi, à propos du travail, des droits et devoirs et de la place que la pensée chrétienne avait dans la société au quotidien. C'est un peu comme un voyage dans le temps.

 

 

Travail, droit ou devoir

 

 

Début de la citation:

 

Un jour, qui n'est sans doute pas éloigné, on aura peine à comprendre qu'on se soit livré de si rudes combats, de notre temps, autour de la question si simple, de la notion essentielle contenue, ou, pour mieux dire, indiquée dans cette formule, il est vrai peu satisfaisante et aussi par trop elliptique : Droit au travail !

 

Droit au travail, c'est-à-dire droit de remplir le premier devoir que Dieu ait imposé à l'Homme, le plus impérieux de tous, celui auquel est attachée son existence même. Difficilement, pouvait-on formuler rien de plus confus : il serait à peu près aussi correct de dire : le devoir du bonheur ; et il faut toutes les préoccupations de notre temps pour qu'on ait pu bénévolement accepter la question ainsi posée, de la discuter en ces termes.

 

Querelle de mots, dira-t-on – Nullement. Les définitions sont le point de départ de toute controverse, et si la forme ici n'emporte pas le fond, elle peut du moins singulièrement contribuer à l'élucider ou à l'obscurcir. Prenez une fausse base et, de déduction en déduction, vous arriverez très logiquement à l'absurde. Il importe donc, avant tout, de s'entendre sur les principes et de rendre aux mots leurs valeurs.

 

Si cette formule : droit au travail, n'est pas une logomachie* pure, si elle peut raisonnablement s'inscrire sur un drapeau ou dans nos Codes, ce n'est pas au profit de l'Homme, c'est contre lui. Pour l'individu isolé, le travail n'a jamais été, ne sera jamais qu'un devoir. Pour la société, C'est-à-dire pour l'ensemble des individualités, c'est encore un devoir, mais c'est aussi un droit vis-à-vis de chacun de ses membres. C'est même le concours, la réunion, le faisceau de tous ces devoirs personnels qui forme le droit social.

 

*Logomachie : querelle de mots, dispute sur leurs sens et usages.

 

La société a droit au travail de ses membres, surtout quand elle les assiste. Voilà le droit ; il n'est que là. Et, cependant, chose singulière (et qui, par parenthèse, prouve bien la nécessité de fixer les principes et les formules), la question, pour n'être point posée comme il l'eût fallu, a été embrouillée, dénaturée à ce point dans une confusion babélienne*, que les devoirs sont devenus des droits, et réciproquement : que la société, craignant d'accorder trop, a concédé bien plus encore, et que le droit à l'assistance remplaçant le droit au travail dans la dernière Constitution, a tout simplement consacré la prétention exorbitante de « vivre sans travailler. »

 

*Babélienne : se référant à la tour de Babel.

 

Or, admirez l'étrange et merveilleux effet de la contradiction et de l'erreur humaine ! La société croit avoir remporté un très beau triomphe : elle n'a fait pourtant que se lier les mains, se reconnaître légalement l'obligation d'assister l'Homme sans travail, s'ôter le droit de lui demander aucun prix de ses sacrifices.- D'un autre côté, l'individu qui criait à la société, après février* : « du travail ! » et auquel on a répondu : « C'est trop ! Mais, vous serez secouru à domicile sans rien faire ! »

 

*Après février : cette précision évoque la Révolution française de 1848, parfois dénommée « révolution de février ». Elle a été la troisième Révolution française, après 1789 et 1830. Elle se déroule à Paris du 22 au 25 février 1848. Sous l'impulsion des libéraux et des républicains, une partie du peuple de Paris se soulève de nouveau et parvient à prendre le contrôle de la capitale. Le roi Louis-Philippe est contraint d'abdiquer en faveur de son petit-fils, Philippe d'Orléans, le 24 février 1848. Le même jour, dès 15 heures, la Seconde République est proclamée par Alphonse de Lamartine, entouré des révolutionnaires parisiens. Vers 20 heures, un gouvernement provisoire est mis en place, mettant ainsi fin à la monarchie de Juillet. Cette révolution sera suivie des Journées de juin réprimées dans le sang (5 700 morts).

 

L'individu ; dis-je, se plaint, s'irrite amèrement, comme d'un passe-droit, de ce déni, de sueur et de fatigue, et, il faut le dire, dans ce singulier conflit, dans ce renversement des rôles, c'est l'individu qui a raison de se lamenter !

 

Sa conscience, ce devoir qu'il prend pour un droit, un sentiment de dignité, une perception confuse, mais tyrannique et instinctive des chimères et des dangers d'une situation si anormale, d'une telle subversion des principes, tout lui crie qu'il doit travailler et que la société ne pourra pas longtemps continuer, malgré ses promesses, de le secourir, si, en échange, elle ne ressaisit pas le droit et la tâche d'utiliser les bras de l'Homme qu'elle assiste.

 

Fin de la citation.

 

 

 

 

Tag(s) : #France, #homophobie, #homosexualité, #progressisme, #propagande, #racisme, #woke, #wokisme, #xenophobie
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